La vallée du Cambasque à Cauterets offre un biotope particulièrement remarquable pour les abeilles.
Une vallée remplie d’histoire
Perchée à 1300 mètres d’altitude à la confluence des gaves d’Ilhéou et du Lis, cette ancienne vallée glaciaire orientée Ouest-Est accueille une flore mellifère très abondante et variée. Cette vallée tire son nom de l’ancien campement qu’établissaient les marchands Basques en transit vers la vallée Marcadau (le marché en patois) par le col de Porcabara, où ils échangeaient avec les aragonais. En bordure du Parc National, le Cambasque avec ses versants en soulane (sud) et ombrée (nord) offre une végétation riche et variée favorable aux pollinisateurs.
Le Rhododendron cette plante fabuleuse
En versant Nord, dès la fin mai, fleurit le fameux rhododendron ferrugineux de la famille des éricacees.
Caractéristique des Pyrénées, cet arbrisseau dont la plante est réputée toxique offre pourtant un nectar particulièrement favorable aux abeilles qui en raffolent. Les fleurs du rhododendron ferrugineux, très différentes du rhododendron commun des jardins, non apprécié des abeilles, procurent un miel particulièrement pur, d’une grande douceur aux propriétés reconnues pour la souplesse articulaire. La floraison de ces fleurs en long tube à cinq lobes d’un rose-rouge vif s’étale de fin mai à début août suivant l’altitude d’une amplitude très large : de 1 200 mètres à 2700 mètres d’altitude. Donc les abeilles pourront butiner les premiers rhododendrons dès le début juin à l’étage montagnard et finir début août en haute montagne sur les cimes du Peguere, de Leytugouse ou de Porcabara. Les rhododendrons préfèrent les ombrées. Craignant les grands froids, ils occupent les versants où la neige persiste en hiver. À l’abri du soleil, celle-ci ne fond pas et forme pour la végétation un épais manteau protecteur.
La myrtille sauvage de nos montagnes
Sur les mêmes terrains, les myrtilles cohabitent avec le rhododendron avec une floraison dès le mois d’avril jusqu’à début juillet suivant l’altitude. L’airelle myrtille pousse en abondance sur tous versants mais particulièrement au Nord. Les fleurs sont des grelots vert clair à pourpre butinées largement par les abeilles qui transforment ce nectar en un délicieux miel de montagne. Dans les Pyrénées, les fruits et les feuilles de la myrtille étaient déjà utilisés par les anciens pour réguler le transit intestinal et pour améliorer la vue.
L’abeille a besoin d’une grande diversité de plantes
Le genêt purgatif est une autre fleur voisinant avec le rhododendron dès le printemps. Les fleurs jaunes très parfumées, somptueuses, attirent surtout les bourdons mais aussi l’abeille mellifère. Ces insectes y récoltent surtout du pollen car la plante produit assez peu de nectar.
Le sorbier des oiseleurs est un petit arbre très fréquent aux étages montagnard et subalpin jusqu’à 2000 mètres dans nos vallées. Ses fleurs blanc crème au printemps, fournissent un nectar très apprécié des abeilles. A l’automne, ses fruits à la belle couleur rouge attirent surtout les oiseaux, en particulier les grives qui disséminent ses graines. Nombreuses sont les plantes mellifères : environ 80% des plantes à fleurs.
L’abeille est un insecte généraliste, elle a besoin d’une grande diversité de plantes pour satisfaire ses besoins alimentaires. Même des plantes insignifiantes au sens apicole, sont importantes pour leur santé. C’est le cas des ronces, framboisier, pissenlit, épervières, tussilage, aubépine, toutes les variétés d’apiacées. La violette cornue contient du nectar qui attire les insectes et favorise la pollinisation.
Les nombreuses variétés d’anémones et de renoncules dont celle des Pyrénées, les primevères à large feuille, les ancolies, toutes les espèces de chardon et malgré leur mauvaise réputation ce sont des plantes très importantes pour les abeilles dans le courant de l’été.
L’abeille avec le Tilleul élabore un miel typé
Le tilleul à petites fleurs est présent jusqu’au Cambasque et le nectar se retrouve parfois mélangé à celui du rhododendron. Au moment de la floraison les tilleuls ne sont que bourdonnement de début juin à juillet. À partir du nectar des fleurs jaune pâle, les abeilles élaborent un miel très typé, jaune fluorescent à l’état liquide et couleur ivoire à l’état solide. Les tilleuls peuvent produire également du miellat grâce aux pucerons tout comme le châtaignier. Son caractère très marqué ne laisse pas indifférent.
Notre tour d’horizon se fini avec le Bruyère Callune
La saison de butinage au Cambasque se termine par l’incontournable et prolifique bruyère de callune pourvoyeuse d’un nectar abondant jusqu’à la fin de l’automne. Considéré par certains comme le roi des miels, il est difficile à extraire car il forme une sorte de bouchon dans les alvéoles si bien que la seule force des extracteurs classiques ne suffit pas. Il faut au préalable utiliser une picoteuse. Mais une fois récolté, grâce à ses multiples vertus, sa texture caramel et son goût prononcé inimitable, il ravit le palais des connaisseurs.